LES ALTÉRATIONS
DU BOIS
I - ALTÉRATIONS
PHYSIOLOGIQUES DU BOIS
A - LUNURE OU DOUBLE AUBIER
B - COLORATIONS ANORMALES
: cur rouge du hêtre et du chêne, cur noir
du frêne cur foncé du sapin, du bouleau, du peuplier,
du tilleul, du sorbier (cormier)
II - ALTÉRATIONS BIOLOGIQUES
A - DESCRIPTION GÉNÉRALE
ET CONDITIONS DE VIE DES CHAMPIGNONS ATTAQUANT LES BOIS.
B - ASPECT DONNE AUX BOIS PAR L'ATTAQUE
DES CHAMPIGNONS
III - ÉNUMÉRATION
ET DESCRIPTION DES PRINCIPAUX CHAMPIGNONS LIGNICOLES.
A - CLASSIFICATION D'ORDRE
PRATIQUE
1°) Champignons attaquant plus spécialement les arbres
sur pied.
2°) Champignons attaquant les bois exposés aux intempéries
(grumes et bois en uvre à l'extérieur).
3°) Champignons des maisons.
B - ÉTAPES DES ATTAQUES
DES BOIS PAR CES CHAMPIGNONS.
IV - MESURES DE PROTECTION CONTRE
LES ALTÉRATIONS DUES AUX CHAMPIGNONS
A - PROTECTION DES GRUMES
ABATTUES
B - PROTECTION DES BOIS DÉBITÉS
C - PROTECTION DES BOIS
MIS EN OEUVRE DANS LES CONSTRUCTIONS EXTÉRIEURS
D - PROTECTION DES BOIS UTILISES
DANS LA CONSTRUCTION INTÉRIEUR
V - GÉNÉRALITÉS
SUR LES INSECTES ATTAQUANT LES BOIS
VI - PRINCIPAUX INSECTES
XYLOPHAGES
A - INSECTES ATTAQUANT
LES ARBRES SUR PIED
B - INSECTES ATTAQUANT LES
GRUMES
C - INSECTES ATTAQUANT
LES BOIS MIS EN OEUVRE
D - LES TERMITES.
VII - MESURES DE PROTECTION
A - DES GRUMES
B - DES BOIS DÉBITES
VIII - ALTÉRATIONS DES BOIS
PRODUITES PAR :
A - DES CRUSTACÉS (Limnora)
B - DES MOLLUSQUES (Tarets)
IX - CONCLUSION.
Essai de classification des sciages en fonction de l'aspect,
c'est?à-dire des anomalies et défauts visibles.

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I
- ALTÉRATIONS PHYSIOLOGIQUES DU BOIS
A - LA LUNURE OU DOUBLE AUBIER
Lorsque des perturbations surviennent dans la formation du bois,
la structure et la composition chimique de celui-ci peuvent s'en ressentir.
Ce genre d'altération consiste assez souvent en une coloration
anormale accompagnée par des modifications des propriétés
mécaniques.
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Ainsi, un froid intense peut modifier la transformation
des cellules vivantes de l'aubier. Ces cellules ne se duraminisent pas,
ce qui veut dire qu'elles te se chargent ni de tarins, ni de matières
colorantes mais qu'elles conservent par contre une très forte proportion
d'amidon.
Une épaisseur de 2 à 3 cm d'aubier peut subir ainsi les atteintes
du froid. Puis, les années suivantes, il se forme à nouveau
de l'aubier normal qui, lui, se duraminisera. On verra donc à l'abattage,
sur le tronc abattu et de l'écorce au centre : l'aubier normal,
du bois parfait, le bois luné (double aubier) puis
le cur.
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Le bois ne présente ni les qualités mécaniques
normales de l'espèce ni sa durabilité moyenne. On donne
encore à ce défaut le nom de gelure. Certaines
espèces sont particulièrement sujettes à la lunure
(le chêne par exemple).
B - COLORATIONS ANORMALES
Certaine colorations anormales (bleuissement, verdissement) sont
le fait de champignons que nous étudierons plus loin. Mais
parfois ce sont des variations de composition qui déterminent
ces variations de couleur. Bien souvent la cause n'en est pas exactement
connue.
La modification peut porter uniquement sur la couleur ou bien
peut s'accompagner de changements importants dans les propriétés.
Nous pouvons citer :
a) Le cur rouge du chêne et du hêtre,
défaut plus fréquent d'ailleurs sur le hêtre que
sur le chêne. Une duraminisation anormale avec une forte
production de tanins accompagné des sécrétions
gommeuses qui envahissent les vaisseaux. Il en résulte une
coloration rouge brun souvent cernée de noir au moment
de l'abattage.
Les caractéristiques mécaniques sont diminuées,
mais pas au point de rendre le bois inutilisable. On peut en faire
de la menuiserie commune. Par contre la présence de tanin en
trop forte quantité rend le bois absolument impropre à
une imprégnation profonde tant de produits antiseptiques que
de résines synthétiques. Donc on ne peut pas l'employer
dans la fabrication des traverses de chemin de fer, ni dans la fabrication
des bois lamellés ou des bois améliorés.
b) Le cur noir du frêne. Non seulement le
bois est moins agréable d'aspect on ne peut l'employer en
placage) mais il présente des caractéristiques mécaniques
diminuées. En particulier il est moins souple et moins
élastique que le bois sain et ne peut être facilement
cintré
Le cur noir de l'érable pose à peu près
les même problèmes.
c) Le cur foncé du sapin. La coloration
brun marron constatée à l'abattage de certains sapins
s'atténue fortement au séchage et ne modifie pas sensiblement
les propriétés du bois que l'on peut utiliser pour
tous les usages du bois normal.
Il en est de même des bois à duramen fortement teinté
dans quelques, sujets appartenant à des essences aussi diverses
que le bouleau, le peuplier le tilleul et le cormier, voire le poirier
dont certains échantillons sont rouge brun.

II - ALTÉRATIONS
BIOLOGIQUES
A - DESCRIPTION GÉNÉRALE ET CONDITIONS DE VIE DES
CHAMPIGNONS ATTAQUANT LES BOIS
Lorsque le bois est incomplètement desséché
et que l'aubier subsiste
il est envahi par des microbes variés. Le principal est le
bacille amylobacter.
Ce bacille s'attaque, dans la profondeur des tissus, aux lamelles
mitoyennes entre
les cellules mais aussi aux sucres, à l'amidon et désagrège
les tissus du bois,
ouvrant la voie à d'autres envahisseurs. Il produit une fermentation
: la
fermentation butyrique qui se traduit par une odeur fétide,
caractéristique des
débuts d altération du bois. Mais l'action de ce bacille
est limitée à l'aubier
et surtout à la substance intercellulaire.
D'autres bactéries s'attaquent aux arbres vivants telles le
bacille du Rin, provoquant des tumeurs ou des lésions
qui sont les plaies chancreuses sur lesquelles se développent
ensuite des champignons. Elles peuvent même provoquer des bactérioses
généralisées. (Ainsi une bactériose généralisée
du pommier se traduit par la couleur jaune canari prise par le bois,
puis par le dépérissement et la mort de l'arbre).
Mais ce sont surtout les champignons qui provoquent l'altération
des bois., Voyons successivement comment se comportent ces champignons
lignicoles et dans quelles conditions ils sont particulièrement
dangereux.
1 - Les deux espèces de champignons lignicoles.
Certains champignons vivent en parasites en détruisant les
tissus vide l'arbre (notamment les tissus riche en sucré,
en amidon). On les appelle champignons parasites
D'autres sont consommateurs de tissus morts (aubier d'un arbre
mort ou d'un bois débité par exemple). Ils produisent
ce qu'on appelle couramment la pourriture d bois. Ce sont les champignons
saprophytes.
2- Description sommaire des champignons lignicoles. Un champignon
comprend d'abord un ensemble de filaments (don le développement
est parfois très rapide) qui peuvent passer assez inaperçus.
On appelle cet ensemble le mycélium.
Il comprend ensuite une fructification formée d'une
ou plusieurs formes arrondies ou lamellaires. Ce sont ces fructifications
que nous appelons vulgairement champignon. En fait les fructifications
n'apparaissent que si le développement du mycélum est
suffisant, et si certaines conditions climatiques se trouvent réunies.
Un bois peut être complètement détruit
par un champignon dans qu'il se soit formé aucune fructification.
Dans ces fructifications en forme d'ombrelles, de croûtes, de
coquilles ou de consoles se forment les spores (ou germes)
qui sont dispersées par le vent et propagent l'espèce.
Les spores de certaines espèces ont une remarquable longévité.
Ainsi il faut une trentaine d'années pour assainir un terrain
infesté par le spores des champignons produisant la maladie
des racines du châtaignier ou du noyer.
3- Condition de vie des champignons lignicoles. Il faut
un certain nombre de
circonstances favorables pour qu'un champignon puisse se développer.
Ce sont :
- un taux d'humidité suffisant
- une température assez élevée
- de la lumière pour produire les fructifications
a) Le taux d'humidité qui favorise l'éclosion
et le développement est voisin du taux de saturation des fibres
pour la plupart des espèces. Ce taux étant lui même
voisin de 30 % on peut en conclure que l'attaque par les champignons,
fort possible et fort fréquente en forêt, sur des souches
ou sur des grumes abattues, doits être exceptionnelle dans
des bâtiments.
Si nous considérons le champignon qui se contente de la proportion
d'eau la, plus faible (22%) : la mérule, nous voyons que son
développement ne sera possible que dans des conditions anormales
: infiltrations d'eau dans un mur contre lequel sont posées
des boiseries, fuite de canalisations de chauffage sous un parquet,
mauvaise aération d'un local dans lequel se produisent d'importantes
condensations etc...
On peut dire que si l'on abaisse le taux d'humidité à
moins de 20 % le bois restera indéfiniment exempt de pourriture.
D'ailleurs un excès d'humidité est lui aussi nuisible
au développement
des champignons. Au delà de 35 % et beaucoup mieux par immersion
on n'a plus
à craindre d'attaque par les champignons.
Mais une surveillance sérieuse doit s'exercer dans les chantiers
de séchage où précisément, l'on amène
les bois du taux 30 au taux 17 ou 18 d'humidité
b) La température de 25° à 35°
est la plus favorable au développement, actif des champignons.
La constance de cette température est aussi un élément
favorable.
c) La lumière n'est absolument pas nécessaire
à la croissance du mycélium or c'est le mycélium
qui "digère" la matière attaquée.
D'ailleurs chacun connaît les attaques des champignons des
caves sur les portes ou cloisons de bois, sans qu'on ait jamais
vu de fructifications. En effet, les fructifications ont besoin
de lumière pour apparaître.
d) L'atmosphère le mycélium a besoin d'oxygène
pour vivre (donc l'immersion est efficace comme protection, à
condition d'être totale).
B - ASPECT DONNE AUX BOIS PAR L'ATTAQUE DES CHAMPIGNONS
L'attaque du bois se produit ainsi : les filaments microscopiques
du mycélium réussissent à pénétrer
le plus souvent par les rayons médullaires riches en substances
alimentaires azotées et hydrocarbonées. Ils peuvent
passer aussi dans les cellules du parenchyme ligneux qui contiennent
également des substances de réserve. D'une cellule
à l'autre le passage s'effectue par les ponctuations et aussi
par l'attaque des membranes des cellules. Ainsi les diastases
sécrétées par les champignons digèrent
d'abord les substances de réserve, puis les parois elles
mêmes. La première phase se manifeste surtout par
des changements de coloration.
La seconde consiste en une attaque de la lignine, puis la cellulose
elle même. Le bois perd de son volume et de son poids. Il
devient friable; il tombe en poussière lorsqu'il est sec.
A sa substance s'est plus ou moins substituée la masse des
filaments des champignons. C'est la couleur de ces filaments
qui fait donner à cette altération les noms de pourriture
blanche, jaune ou brune.
En résumé une attaque cryptogamique à son
début peut très bien ne se déceler par aucun
signe extérieur. Au laboratoire on s'en apercevra, soit
en traitant des échantillons par des réactifs colorés,
soit en soumettant des éprouvettes à la rupture au
mouton pendule (voir 3ème leçon). La cassure d'un
bois altéré ne présente pas les éclats
caractéristiques des bois sains. Bien sûr un examen
microscopique pourra toujours donner une certitude.
Lorsque l'attaque devient visible extérieurement,
elle est nommée échauffure, à son début
phase de coloration ou pourriture lorsqu'elle est plus accentuée(phase
de désintégration des parois cellulaires).
L'échauffure produit des changements de coloration :
taches blanches, brunes, rouges, bleuissement, verdissement. On
peut, parfois, tirer malgré tout un certain parti de bois
échauffés. Il ne faut cependant pas perdre de vue
que même si l'attaque parait stoppée, un bois "échauffé"
a déjà ses propriétés mécaniques
modifiées (le hêtre par exemple) et est sensibilisé
pour une reprise de l'altération dès que les conditions
seront à nouveau favorables.
Quant aux pourritures qui sont des modifications profondes de
la composition chimique, elles présentent des formés
variées : fendillements qui séparent le bois en
petit cubes, formes lamellaires ou fibreuses. Les bois
atteints sont absolument impropres à tous usages.
Exemples :
pourritures cubiques : pourriture brune du pied
des résineux produite par un polypore), pourriture rouge
du chêne.
pourritures alvéolaires : maladie du rond
des résineux, attaqué par les tramètes
et les stereum.
pourritures fibreuses : causées par l'armillaire
(pourridié des racines) ou le faux amadouvier.

III - ÉNUMÉRATION
ET DESCRIPTION SOMMAIRE DES PRINCIPAUX
CHAMPIGNONS LIGNICOLES
A - CLASSIFICATION D'ORDRE PRATIQUE
On pourrait classer botanique ment les champignons lignicoles.
Deux grandes catégories pourraient être faites, basées
sur la forme des organisa produisant les spores (ascomycètes,
basidiomycètes). Il nous semble préférable
d'indiquer les champignons s'attaquant plus spécialement
aux arbres sur pied, aux bois employés à l'extérieur
et enfin aux menuiseries, intérieures et aux mobiliers.
Nous devons toutefois signaler qu'une mime espèce peut figurer
dam. les 3 classes ainsi formées et que tel champignon "d'extérieur"
peut devenir champignon des maisons dans des circonstances déterminées.
- 1. Champignons attaquant plus spécialement les arbres
sur pied.
En général ce sont les vieux arbres, les arbres
affaiblis qui sont atteints .Les voies d'invasion sont multiples.
Ce sont parfois les racines; ce sont souvent des blessures qui sont
contaminées par des spores. L'attaque des racines ne peut être
décelée que par une déficience externe : disparition
prématurée du feuillage par exemple.
Lorsque l'atteinte est très grave, on verra apparaître
des fructifications (parfois volumineuses) sur l'écorce.
Le champignon meurt parfois après l'abattage de l'arbre.
Certaines espèces au contraire continuent leurs ravages tant
que l'arbre contient une quantité d'eau convenable.
Nous distinguerons :
a) les champignons attaquant spécialement les espèces
résineuses
b) les champignons attaquant les résineux et les feuillus
indifféremment
c) les champignons attaquant les feuillus.
a) les champignons qui attaquent les résineux sur pied
sont principalement l'ungulina arnnosa, le tramète du pin et
deux polypores.
L'Ungulina annosa produit la maladie du rond en attaquant
les racines des pins sylvestres, pins maritimes, épicéas
et plus rarement des sapins.
L'attaque ne se limite pas aux racines pour l'épicéa
qui présente jusqu'au tronc une pourriture alvéolée
brun rouge. Il ravage souvent des peuplements de 40 à 60 ans,
mais tue aussi des
jeunes plans et continue ses ravages sur les grumes humides après
l'abattage.
Le mal se propage par le mycélium qui chemine d'une racine
à l'autre au travers du sol, et, d'autre part, au moyen des
spores que les rongeurs, par exemple, peuvent transporter d'une racine
à l'autre.
Ainsi, à partir d'un arbre atteint, la maladie se propage concentriquement
(d'où son nom) et le meilleur moyen est encore d'effectuer
des peuplements mélangés de résineux et de feuillus,
ceux-ci formant barrière bien que, très rarement
à vrai dire, le sorbier, l'alisier, le bouleau et le hêtre
aient parfois été atteints).
Le Tramète du Pin. (xantochrous Pini)provoque une pourriture
alvéolaire brun rouge plus accentuée dans le duramen
que dans l'aubier (la résine de l'aubier est une protection).
C'est la fructification en forme de chapeau dur, épais, à
face supérieure
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brune marquée de lignes concentriques
qui caractérise ce champignon qui, sans tuer l'arbre rapidement,
enlève absolument toute valeur au bois. Les blessures de l'élagage
artificiel ou naturel sont les voies ordinaires de l'infection qui se propage
dans le bois parfait, surtout dans les
arbres ayant dépassé 50 ans.
Il faut abattre les arbres atteints et détruire les fructifications,
car la propagation se fait exclusivement par les spores.
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Le polypore hartigü produit une pourriture
blanche du sapin, au niveau des plaies fermées par les
chancres et les chaudrons. Le bois perd tout consistance et les arbres
se brisent au moindre effort.
Le polypore boréalis produit une pourriture à
peu près semblable sur
le sapin et sur l'épicéa, mais on ne peut pas observer
de fructifications
sur l'arbre vivant.
Les champions qui attaquent indifféremment les résineux
et les feuillus sont principalement les champignons du pourridié
(armillaire) et ce la pourriture brune.
L'armillaire couleur de miel attaque les racines, les grumes
humides, les souches, produisant une pourriture blanche fibreuse
lorsque l'attaque est suffisamment prononcée.
Le polypore vaporanius provoque une pourriture brun,
rouge des résineux épicéa, pin sylvestre)
et de certains feuillus. Le bois envahi devient brun clair puis rouge
foncé et subit une pourriture cubique. Transporter dans
une scierie ou un édifice il peut s'y propager étant
assez peu sensible aux variations de température et d'humidité.
Le remède est un séchage assez poussé des bois
de construction.
c) Les champignons attaquant particulièrement les feuillus
sont : les phellinus et les stereum, et un certain nombre de polypores.
Le Phellinus dryadeus attaque le bois parfait de la base
du chêne. L'altération est d'abord brune puis
devient ensuite blanche et fibreuse.
La fistuline hépatique produit sur le chêne
également une pourriture rouge qui se transforme ensuite
en une pourriture brune cubique. Les fructifications sont connues
vulgairement sous le nom de langue de buf. La pourriture
attaque le bois parfait.
Le Phellinus robustus, connu sous le nom de faux amadouvier
est, par contre une pourriture de l'aubier touchant parfois un peu
le bois parfait La pourriture est jaune et fibreuse, assez peu profonde,
mais étendue en surfacé. Elle devient rousse à
l'air. C'est presque toujours au niveau d'une blessure qu'elle s'établit.
Le stereum frustulasum produit une altération du
bois de chêne bien caractérisée. Le bois devient
d'abord rouge brun, puis, sur ce fond apparaissent des tachés
d'un blanc de neige qui se transforment en cavités aux
dépens du bois brun et très dur qui les entoure. Il
s'agit donc d'une pourriture alvéolaire. Ce champignon peut
continuer ses méfaits sur la grume.
Le stereum hérissé (stereum hirsute) bien
que s'attaquant plus particulièrement au bois mort peut tout
de même s'en prendre aussi au bois parfait lorsqu'il pénètre
par une plaie de l'écorce. L'arbre atteint profondément
(le chêne et le charme en particulier) se recouvrira de fructifications
en forme de consoles jaune vif dessus. Le début de l'attaque
se manifeste par des taches brunes qui deviennent jaunâtres
ou blanchâtres par la suite. On appelle grisettes ces altérations
causés par le steréum hirsutum.
Le polypore soufré est l'un des parasites des bois
les plus répandus. Il atteint le chêne, le poirier, le
noyer, le peuplier, le châtaignier et peut continuer à
vivre dans le bois mis en uvre. La coloration brun rouge qui
se manifeste au début de l'attaque est striée ensuite
de lignes blanches dues au mycélium du champignon puis se transforme
en pourriture cubique. Le nom du champignon (Polyporus sulfureux)
est dû à la couleur des fructifications jaune soufre
à leur apparition et de douleur orange ensuite.
Le polypore hispide attaque de nombreux feuillus tels que
le frêne, le hêtre, le noyer, l'orme, le platane et les
arbres fruitiers, notamment le pommier. Il produit une pourriture
blanche attaquant le cur et la moelle en premier lieu. La
zone attaque est séparée de la zone saine par un liseré
brun. Les fructifications en forme de consoles épaisses deviennent
couleur de rouille en vieillissant. Ce champignon se manifeste presque
toujours au niveau des plaies de l'arbre. On peut donc, dans une certaine
mesure le prévenir.
L'amadouvier (polyporus fomentarius) attaque nombre de
feuillus, mais plus particulièrement le hêtre
et le bouleau produisant une pourriture jaune. Il est
reconnaissable à ses fructifications en forme de consoles grises
localisées aux parties hautes de l'arbre. Le bois prend la
consistance d'un liège mou.
- 2. Champignons attaquant les bois exposés aux intempéries
(grumes et bois mis en uvre à l'extérieur).
Les champignons qui attaquent et détruisent les bois morts
en forêt assurent en fait une sorte: de nettoyage des débris
gisant au sol. Mais malheureusement les arbres abattus peuvent être
contaminés. Bien que l'écorce soit une protection très
efficace, cette contamination est importante du fait des blessures
et, principalement des coupes d'abattage. Les bois riches en eau,
ceux qu'on abat tardivement, sont spécialement menacés.
Donc: les grumes franchement abattues, les vieilles grumes laissées
au sol, les bois mis en uvre au dehors sans protection de surface
peuvent être altérés.
Les grumes fraîchement abattues peuvent "bleuir" ou
"s'échauffer".
Les bleuissements se constatent particulièrement
chez les résineux : pin épicéa, plus rarement
le sapin, et chez les bois blancs : ayous, peuplier. Ils se
constatent pour une forte saturation en eau et une température
voisine de 22°. Ils sont causés en général
par le genre " Ceratestonelle " et si l'altération
est stoppée au niveau du bleuissement, le bois peut parfaitement
être employé en menuiserie courante (destinée
à être peinte).
L'échauffure est une attaque plus grave. Elle se
manifeste principalement sur le hêtre (violet du hêtre).
L'agent est le Stereum purpurum dont l'attaque est particulièrement
rapide. Le bois qui a été atteint au printemps, si la
grume n'a pas été sortie assez rapidement de la coupe,
présente après l'évolution du mycélium
pendant l'été, des taches blanchâtres au contour
irrégulier. Le hêtre échauffé perd de sa
valeur car ses propriétés techniques sont malgré
tout très amoindries. Cependant il est fréquemment utilisé,
car le défaut se présente assez souvent.
Les vieilles grumes et les bois extérieurs, non protégés
sont attaqués par le champignon des caves (coniophora cerebella
et phellinus mégaloporus), les lenzites, armillaires,
poria, tramètes etc...
Le coniphora cerebella attaque les pièces de bois en
contact avec le sol (pieux, piles de ponts), produisant une pourriture
brune, cubique de même que les Poria.
A peu près dans les mêmes conditions le Phellinus
mégaloporus défit le chêne en le transformant
en une sorte de charpie blanche.
Le Coriolus versicolor cause de gros dégâts
sur toutes les essences provoquant au dernier stade une pourriture
blanche fibreuse, devenant parfois gommeuse. On limitera ses
dégâts en purgeant soigneusement les bois de leur aubier.
Les traversés de chêne, les pieux de châtaignier
en contact avec le sol redoutent les lenzites le daedalea quercina
tandis que le hêtre est détruit par le lentin.
- 3. Les champignons des maisons. En fait ces champignons
ne se développent que
grâce à la réunion d'un certain nombre de circonstances
exceptionnelles une cause anormale d'humidité, un manque d'aération,
l'accumulation de bois dans une cave etc ....
Les deux espèces les plus dangereuses ses sont incontestablement
la mérule pleureuse et la tramète.
La mérule pleureuse (gyrophana lacrymans) peut s'attaquer
à tous les bois, au papier des livres, au cuir des reliures,
aux étoffes. Ce champignon a son origine sur les bois résineux
avant de se propager sur tous les matériaux précités.
Le mycélium est formé de filament de 7 à 8 microns
de diamètre qui suivent Les cavités des cellules et
progressent dans le bois de 10 à 12 mètres par an si
les circonstances sont favorables. En surface, ces filaments ou
hyphes s'amassent, s'enchevêtrent pour former soit une toile,
soit des cordonnets grisâtres qui sont très résistants
même à une sécheresse prolongée. Les fructifications
sont des plaques à contour arrondi. Elles sont d'abord blanches,
puis brunissent au centre lorsque se forment des milliards de spores.
En définitive la mérule produira une pourriture cubique.
Grâce aux cordonnets (rhizomorphes) la mérule peut se
propager sur des maçonneries ou même au travers de celles-ci.
Nous avons déjà parlé du tramète du
pin qui attaque également les résineux sur pied.
On confond parfois les méfaits de la mérule avec
ceux du coniophora cerebella déjà cité sous le
nom de champignon des caves. Cependant la pourriture cubique qu'il
détermine est plus foncée. Il ne possède pas
les rhizomorphes de la mérule et ne peut donc transporter de
l'eau comme cette dernière.
De ce fait un bois sec ne sera pas attaqué par le coniophore.
Les filaments blancs du Phellinusmégaloporus pourraient
aussi faire penser à la mérule. Mais la pourriture causée
par le phellinus fibreuse et limité au chêne
B - ÉTAPES DES ATTAQUES DES BOIS PAR LES CHAMPIGNONS
1°) L'attaque invisible. Le mycélium est microscopique
(quelques microns de diamètre pour les filaments) On n'en peut
déceler que les amas.
2°) La coloration. Nous avons parlé du bleuissement
qui se produit parfois très rapidement dans les piles de bois
résineux fraîchement débité, ainsi que
dans certaines essences tropicales.
3°) Les échauffures. Ce sont des altérations
plus profondes et plus graves, toujours provoquées, par une
aggravation due à des négligences.
4°) Les pourritures. C'est la dernière étape
avant la destruction. Rappelons que les termes: pourriture rouge,
pourriture blanche, pourriture jaune, grisette grisette à chair
de poule (taches blanches), grisette à flammes (taches jaunes
ou blanches assez grandes) pourriture sèche, carie (pourriture
du cur) ne concernent que l'aspect de l'altération et
ne correspondent pas à une hiérarchie des altérations.

IV - MESURES
DE PROTECTION CONTRE LES ALTÉRATIONS
DUES AUX CHAMPIGNONS
A - PROTECTION DES GRUMES ABATTUES
1°) Exploiter les essences dans des époques peu
dangereuses, avant une certaine date limite, dans des délais
aussi brefs que possible tant pour l'abattage que pour le débardage
c'est à dire la sortie des grumes de la forât en principe,
en France, sortir des grumes avant le mois de mai).
2°) Devant l'impossibilité d'exploiter dans un laps
de temps trop court, on a pensé qu'on pouvait protéger
les parties vulnérables des grumes (les coupes) par une application
d'un produit fongicide puissant. Encore fallait?il trouver un produit
dont l'efficacité soit durable (même avec la pluie),
sans toxicité pour l'homme et les animaux supérieurs,
assez peu onéreux, facile à appliquer.
Les produits retenus sont en général incorporés
dans des huiles, elles mêmes mise en émulsion dans l'eau.
Les dérives du phénol ont donné de bons résultats.
En fait on arrive maintenant à une protection durant une saison.
B - PROTECTION DES DÉBITS
Avant le sciage les grumes seront préservées
de l'humidité du sol et des précipitations atmosphériques.
On peut aussi les conserver immergées dans l'eau
jusqu'au débit. Beaucoup de scieries suédoises sont
installées ainsi au bord des lacs qui constituent de véritables
"magasins" à bois.
Les débits doivent ensuite être protégés
contre le bleuissement et l'échauffure. Il s'agit d'une protection
d'assez courte durée puisqu'il s'agit de les amener à
dessiccation. Mais certaines espèces "s'échauffent"
facilement après le sciage. On peut les étuver, mais
cela demande des installations assez importantes et une conduite assez
délicate. Il parait plus simple de tremper les débits
durant une vingtaine de secondes dans des solutions de fort pouvoir
fongicide étudiée pour ne pas dénaturer la teinte
naturelle du bois pour ne pas gêner le séchage ultérieur.
Le pentachlorophénate de soude est souvent employé.
On peut opérer aussi par pulvérisation.
Le séchage artificiel détruit les champignons qui auraient
pu commencer leur développement, sans toutefois détruire
les spores.
C - PROTECTION DES BOIS MIS EN OEUVRE DANS LES CONSTRUCTIONS
EXTÉRIEURS.
Les bois destinés à des emplois extérieurs
de longue durée demandent une protection particulièrement
efficace. Le traitement doit atteindre le cur même des
pièces. Il faut obtenir une imprégnation à
cur.
Certains procédés déjà anciens sont
toujours employés : le procédé Boucherie, par
exemple (imprégnation des poteaux télégraphiques
par une solution de sulfate de cuivre), bien que d'efficacité
réduite.
Les produits employés sort parfois des huiles de goudron, de
la créosote, du pentachlorophénol, suivant la destination
de la pièce traitée.
D - PROTECTION DES BOIS UTILISES DANS LES CONSTRUCTIONS
INTÉRIEURES
Il faut bien considérer que tous les bois peuvent
être attaqués par la mérule, s'ils sont placés
dans des conditions défavorables. On se doit d'éviter
ces conditions c'est?à?dire l'humidité permanente et l'air
confiné.
Donc on emploiera des bois secs et sains qui ne seront
jamais en contact avec le sol. On évitera les remontés
d'humidité dans les murs. On assurera une bonne aération
des sous-sols. On ne posera des menuiseries que sur une maçonnerie
sèche. On se rappellera que le mâchefer par sa
richesse basique, favorise, le développement de la mérule.
Si l'on constate une attaque du champignon, il faut employer immédiatement
des moyens radicaux : suppression de tous les bois atteints
qui seront brûlés ; désinfection des maçonneries
qui ont été en contact avec les bois minés (il
faut les flamber à la lampe à souder, puis imprégner
d'un puissant fongicide) ; aérer, sécher complètement,
reconstruire si possible en bois imprégnés.

V - GÉNÉRALITÉS
SUR LES INSECTES ATTAQUANT
LES BOIS
Les insectes sont des ennemis très redoutables du bois,
soit qu'ils l'attaquant à l'état frais, soit qu'ils
le détériorent quand il pat mis en uvre
Il existe beaucoup d'insectes attaquant les essences ligneuses en
forêt. Il en est qui dévorent les feuilles (ou les aiguilles
des résineux), les jeunes pousses, les bourgeons. La nourriture
da l'arbre privé plus ou moins complètement de ses feuilles
se fait mal. A une année d'invasion de ces insectes phyllophages
(mangeurs de feuilles) correspond une couche de bois plus mince. On
est très désarmé contre ces insectes. Fort heureusement
il existe des espèces animales
ennemies. De plus une espèce d'insecte se tient bien souvent
exclusivement à une espèce d'arbre. En créant
des peuplements mélangés, on ralentira la propagation.
D'autres insectes attaquent les racines (ver blanc du hanneton
commun, courtilière)
Enfin certains insectes s'attaquent au corps ligneux lui même,
soit que ces insectes vivent dans le bois lui même soit qu'ils
creusent leurs galeries entre le bois et l'écorce. Ces derniers
sont aussi nuisibles car ils détériorent la couche génératrice
et peuvent causer rapidement la mort de l'arbre attaqué.
L'uf d'un insecte donne naissance à une larve, dépourvue
d'ailes, ayant l'aspect, d'un ver. Cette larve est munie d'une puissante
armature buccale, faite pour broyer même si l'insecte adulte
est un insecte lécheur ou suceur.
La larve vit dans le bois qu'elle ronge en creusant des galeries.
Au bout d'un certain temps la larve entre dans une période
d'immobilité, ne prend plus de nourriture. A cette phase l'insecte
est désigné sous le nom de nymphe ou de chrysalide.
Une dernière métamorphose se produit. La nymphe sort
a l'état d'insecte parfait après avoir brisé
son enveloppe.
Les insectes attaquant les bois appartiennent aux groupes suivants
:
Coléoptères. Insectes broyeurs comprenant
plus de 100 000 espèces. Ils possèdent deux ailes cornées
(élytres) protégeant les ailes membraneuses. Les plus
dangereux ennemis des bois.
Hyménoptères. Insectes lécheurs, sans
élytres (type : abeille); les sirex et xylocopes en font partie.
Lépidoptères. Insectes suceurs (papillons).
Les chenilles s'attaquent souvent aux bois : cossus, sesia.
Névroptères. Insectes broyeurs (type libellule).
Les termites en font partie.
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D'après la façon dont ils attaquent on peut signaler
:
1° - Les insectes vivant entre le bois et l'écorce
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( les bostryche
( les scolytes
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B - Écorce morte : hylésine du frêne et du
hêtre
2°- Les insectes vivants dans le bois.
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( cossus
( zeuzère
( grand capricorne
( lucane ou cerf-volant
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B- Bois abattu
en chantier ou déjà mis en uvre.
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(certains bostryehes
(platype
(sirex
( lyctus
( vrillettes (ou horloges de la mort)
( criocéphale
( hylotrupes
( termites
( lymexylon
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VI - PRINCIPAUX INSECTES XYLOPHAGES
A - INSECTES ATTAQUANT LES ARBRES SUR PIED
Le Cossus gâte bois (Cossus ligniperda - Lépidoptère)
La chenille de ce gros papillon aux ailes vit dans le bois des saules,
ormes, peupliers, aulnes, chênes, tilleuls et arbres fruitiers.
Elle évolue en 3 ans et peut atteindre 10 cm de long. Elle
s'attaque au bois sain comme au bois pourri. Répandu dans toute
l'Europe, cet insecte cause de grands dégâts. Le badigeonnage
des troncs d'arbres fruitiers à la chaux était une bonne
méthode préventive, agissant par destruction de la ponte.
La Zeuzère du marronnier. Cette espèce est voisine
de la précédente. La chenille ne vit pas seulement sur
le marronnier, mais sur l'orme, le tilleul, le bouleau, le chêne,
le pommier, le poirier etc...
Le Sesia cause de graves dégâts aux bouleaux,
peupliers, tremble car les chenilles creusent de nombreuses galeries
à la partie inférieur de ces arbres, causant souvent
leur chute.
Le Lucane (Cerf-volant). La larve vit dans les troncs des chênes
pourris et se développe lentement (4 à 5 ans pour atteindre
105 à 110 mm de long).
Le Dorons (voisin du précédent, surnommé
Petite Biche). Les larves"se développent dans le cur
pourri des saules et des hêtres principalement.
Les buprestes ont des larves allongées qui vivent
aussi en général dans les vieilles souches, les arbres
morts, le bois pourri de hêtre et de charme. Mais on en voit
aussi dans les arbres vivants, notamment dans les chênes.
Les charançons forment une vaste famille de tout
petits insectes attaquant le plus souvent les résineux (sapins,
pins) et plus particulièrement les jeunes plants, jamais les
arbres de plus de trente ans.
Quelques espèces attaquent aussi l'aulne et le saule
Le Cerambyx ou Capricorne. La larve vit plusieurs
années dans l'intérieur des vieux chênes dont
elle rend le bois inutilisable. Ces larves causent des dégâts
incalculables car l'insecte pond sur les plus beaux sujets de la
forêt qui finissent par succomber à la succession de
plusieurs générations.
L'hylecoetus attaque indistinctement les résineux
et les feuillus : épicéa, pin, chêne, mélèze,
hêtre, peuplier.
Les bostryches ou scolytes sont de petite: taille (1 à
9 mm) mais sont les ennemis les plus redoutables des bois sur pied.
Ils vivent presque entièrement entre l'écorce et le
liber ou dans l'intérieur même du bois. La forme de leurs
galeries suffit à distinguer l'espèce.
Les métamorphoses se font rapidement (8 à 12 semaines)
et les forêts de résineux de la forêt Noire et
des Vosges art eu à souffrir considérablement de ces
insectes.
B - INSECTES ATTAQUANT LES GRUMES
Aussitôt abattus les arbres risquent l'attaque de
certaines espèces de bostryches, du platype, des
sirex.
Le bostryche liseré provoque ce que. l'on appelle
la vermoulure noire, pratiquant des couloirs en échelons. Il
cause de très importants dégâts dans les bois
abattus.
Le platype est un très petit coléoptère
(5mm) dont les larves s'attaquent au chêne. En général
l'aubier seul est atteint, mais en cas d'été sec, l'insecte
cherche l'humidité plus profondément dans la grume.
Le platype s'attaque aussi au hêtre et au frêne, parfois
au châtaignier.
Les sirex rappellent un peu les guêpes par leur forme et
les rayures de leur abdomen. La femelle pond à l'intérieur
des écorces, grâce à une tarière droite.
On connaît principalement le sirex commun ou des sapins
et le sirex géant ou sirex des pins. Il y a en général
deux générations par an. La larve met au moins un an
(parfois 2 ou 3) à évoluer. Ainsi on peut voir éclore
des sirex dans une maison habitée depuis 2 ou 3 ans. Ces insectes
aux mandibules puissantes, causent de très importants dégâts.
Toutefois ils ne pondent pas à nouveau sur les pièces
de bois qui les enfermaient.
C- INSECTES ATTAQUANT LES BOIS MIS EN OEUVRE.
Ce sont principalement
Le capricorne des maisons ou hylotrupes bajulus
le criocéphale
l'hespérophane
les lyctus
les vrillettes (ou horloges de la mort)
et les termites.
L'hylotrupes bajulus ou capricorne des maison vit
parfois dans les résineux secs sur pied, mais attaque surtout
les poutres, charpentes, tous les résineux bien secs et plus
rarement l'aubier du chêne et le peuplier.
L'insecte adulte ne sortant pas du bois et son évolution étant
très lente on peut voir se succéder des générations
de ces insectes pendant 10 à 20 ans dans une même pièce,
jusqu'à destruction totale du bois.
Les dégâts causés par cette espèce s'étendent
de plus en plus. Plus le bois est sec, plus l'atmosphère ambiante
est chaude, plus l'insecte se développe
Les années sèches (de 1943 1949) sont marquées
par une extension importante de ses attaques. Mais les pays froids
ne sont pas à l'abri , car les maisons de bois bien chauffées
des pays scandinaves ou du Danemark lui conviennent parfaitement.
On commence à signaler des attaques un peu dans toutes les
régions de France.
L'hesperophane cinereus vit aussi dans les bois très
secs, mais exclusivement les essences feuillues, notamment le chêne.
Le criocéphale attaque les charpentes de résineux
dans les mêmes conditions que l'hylotrupes.
Les lyctus sont de petits coléoptères (3
à 5 mm) attaquant l'aubier de la plupart des bois feuillus:
chêne, châtaignier, noyer, cerisier, frêne, érable.
C'est par excellence l'espèce ennemie des parquets de deuxième
choix non parfaitement purgés d'aubier. Il faut des vaisseaux
assez gros, un pourcentage d'amidon suffisant pour que les larves
puissent se développer; La vermoulure des lyctus est d'une
extrême finesse.
Les vrillettes (ou anobium) sont de petits coléoptères
à antennes dentées en scie, de fort petite taille (2
à 6 mm) suivant les espèces, que des superstitions ancien
nés font encore nommer lots certaines régions : horloges
de la mort.
De nombreuses espèces attaquent durant 3 ou 4 ans d'évolution
les bois bien secs des vieux meubles, des boiseries, des poutres.
On entend très bien leur travail, dans le silence et l'on trouve
leurs évacuations: vermoulure granuleuse.
Les bois attaqués de préférence sont le merisier,
le noyer, le charme, l'aulne, le peuplier. Les curs des bois
durs et des résineux sont rarement attaqués. Certaines
espèces attaquent aussi le papier. La ponte à lieu de
mai à septembre. Rien ne décèle extérieurement
les galeries. Les insectes parfaits sortent par des trous arrondis
de 1 à 4 millimètres de diamètre. Ces trous
de sortie sont aussi des lieux de ponte pour cette première
génération.
D - LES TERMITES
Les termites sont des insectes des régions tropicales et équatoriales.
C'est, par accident que certaines espèces ont été
introduites en France et ont, malheureusement réussi à
s'adapter à des conditions climatiques assez éloignées
de celles des régions d'origine. Le termite lucifuge
s'est installé dans le sud ouest (les landes notamment) et
le termite de Saintonge, parti vraisemblablement de La Rochelle
au siècle dernier a étendu ses colonies sur la Charente?Maritime
et la Charente. Les colonies se sont installées dans le sol
et par les vieilles
souches, les poteaux, les parties des maisons en contact avec le sol
gagnent les bâtiments et attaquent les bois, les papiers, les
textiles. Il faut noter le termite est un insecte du sol, se
nourrissant de matières organiques et, notamment de bois, ayant
besoin d'un taux d'humidité assez élevé. Donc
des bâtiments dans lesquels il n'y a pas de bois peuvent être
attaqués , les termites y trouvant des papiers et des textiles.
Mais assainissement environnant , l'assèchement
de toutes fuites d'eau; la ventilation de tous les réduits
viendront à bout des colonies qui peuvent avoir essaimé
dans ces bâtiments. Il est difficile parfois de se débarrasser
de certaines colonies qui se sont installées dans des quartiers
bien chauffés de certaines villes et dont la présence
ne s'est révélée que tardivement (les termites
de Hambourg et du 5ème arrondissement de Paris).

VII - MESURES
DE PROTECTION CONTRE LES INSECTES
Il est pratiquement impossible de lutter contre les insectes attaquant
les arbres sains sur pied si ce n'est par la protection des insectivores,
particulièrement des ciseaux.
Pour ceux qui attaquent des arbres déficients la solution
à préconiser est l'abattage des sujets susceptibles
d'être infestés et leur destruction radicale.
Mais on peut plus facilement agir sur les grumes et les bois d'uvre.
A - PROTECTION DES GRUMES
1°) par l'exploitation en hiver et un débit aussi
rapide que possible après abattage
2°) en cas de séjour forcé en forêt, par traitement
des voies d'accès, c'est à dire dans le cas des
insectes, de l'écorce comme des coupes, par des solutions
non seulement insecticides mais aussi fongicides (pentachlorophénol
+ hexachlorocyclohexane). Le traitement doit pratiquement être
réalisé à l'abattage.
3°) Si des grumes non traitées ont séjourné
en forêt, on peut admettre en principe qu'elles sont infestées
et le mieux sera un traitement après débit.
B - PROTECTION DES DÉBITS
L'étuvage est un moyen efficace de destruction des insectes
se trouvant dans les bois. Il ne met pas les bois à l'abri
des pontes des espèces qui ré attaquent sur place. Ainsi
des bois étuvés seront définitivement débarrassés
des sirex mais non point des insectes qui viennent habituellement
pondre en surface des bois secs
Il en sera de moine pour des bois désinsectisés par
haut fréquence ou par action de gaz toxiques.
En résumé? il faut
1°) détruire les larves existant déjà
dans le bois
2 °) empêcher une nouvelle attaque par la création
d'une barrière constituée par des produits insecticides.
Suivant les cas les bois seront imprégnés à cur,
trempés, ou soumis à la pulvérisation.
On conçoit qu'il sera beaucoup plus difficile d'appliquer à
des bois en place, notamment parquets dont on ne peut facilement atteindre
la face interne, ces deux catégories de traitement. Lorsque
c'est possible, des fumigations, des insufflations de lindane sous
les parquets détruisent les insectes. Mais on ne peut espérer
aucune immunité pour l'avenir.

VIII - ALTÉRATIONS
PRODUITES PAR LES CRUSTACÉS ET
LES MOLLUSQUES
A - LES CRUSTACÉS
Les limnoria et chélura se logent dans des galeries
creusés dans les appontements. Ces galeries sont de petit diamètre
mais peuvent atteindre une dizaine de centimètres de profondeur
et un animal peut sortir d'une galerie pour en creuser une autre.
La protection contré ces animaux marins : tarets, limnoria
et chelura est
difficile. Certaines essences comme l'azobé, l'angélique,
le teck ont heureusement
une bonne résistance naturelle.
B - LES TARETS
Le mollusque à l'état de larve nageant librement dans
l'eau de mer, peut se fixer sur une pièce de bois, alors qu'il
est presque imperceptible.
Avec sa minuscule coquille bivalve, il perce un trou dans le bois.
Il continue sa galerie dont les parois s'incrustent de calcaire. Il
vit environ un an et peut atteindra à ce moment une dizaine
de centimètres de long et 5 mm de diamètre.

IX - CONCLUSION
De cette étude qui reste sommaire, bien qu'elle paraisse cependant
compliquée, nous retiendrons un certain nombre de considérations
concernant l'influence de la nature des bois.
En effet si le bois considéré, comme matériau
est sujet aux défauts et altérations diverses que nous
avons passés en revue, tous les bois ne se comportent pas de
façon identique dans leurs sensibilité aux maladies,
aussi bien que dans les possibilités de traitement.
Facteurs favorables et défavorables dans les altérations.
En général, (mais pas d'une façon absolue cependant)
les résines, les tanins, les composés
aromatiques sont favorables à la conservation.
La présence des sucres, amidons et abluminoïdes est
au contraire néfaste.
Les vaisseaux non obstrués sont des voies de
pénétration des agents destructeurs .
Les bois résineux durs et très aromatiques
(genévrier, cèdre) et ceux qui sont très riches
en résine comme le mélèze ou pitchpin sont
durables. Par contre les aubiers de pin, l'épicéa,
le sapin le sont fort peu naturellement.
cur du chêne très lignifié avec des
vaisseaux :obstrués par des thylles, sa forte teneur en tanins
est très durable, mais l'aubier du même bois, riche
en matières da réserve est très altérable.
Le hêtre et le peuplier, aux vaisseaux livres, se conservent
moins bien que le robinier aux vaisseaux bouchés.
Le noyer est riche en tanin mais aussi erg, amidon et il possède
des vaisseaux largement ouverts. Sa conservation est assez difficile
comme celle du tilleul, du bouleau, du saule, essences riches en amidon
et comme telles recherchées par les insectes.
Beaucoup de bois tropicaux aux pores obstrués sont de
bonne conservation : azobé, iroko, tali,
teck, angélique. Mais nous en trouvons, dans
les mêmes pays, de très altérables comme le framiré,
le limbo, l'ilomba, l'ayous.
Facteurs favorables et défavorables aux procédés
d'imprégnation
La pénétration des produits de protection est très
difficile lorsque ces produits doivent traverser des membranes semi-perméables.
On emploie alors les procédés dits "en sève".
Les bois à vaisseaux libres, uniformément répartis
sont les plus faciles à imprégner.
Ainsi le hêtre s'imprègne tout à fait
bien sauf s'il est atteint par la maladie du cur rouge.
Le chêne rouge d'Amérique (et non pas le chêne
atteint du cur rouge) s'imprègne! , bien parce que ne
comprenant pas de thylles.
Des exemples analogues pourraient être trouvés dans
les bois tropicaux.
Principes d'un classement
d'aspect des bois indigènes feuillus
durs
( norme B 53 50 1 )
Ce classement est un élément de qualification, au même
titre que des considérations relatives aux propriétés
et caractéristiques technologiques.
Il repose uniquement sur l'aspect des faces et des racines
et la natures et la localisation des anomalies. On associe, en totalisant
leur surface la plus belle face (parement) et la plus belle rive et
la moins belle face (contreparement) avec la moins belle rive.
Certaines anomalies jouent dans le classement en se totalisant
: c'est le cas des nuds, des ronces, des fente s en bout, des
fentes de cur, des gerces de séchage.
D'autres comptent isolément comme des piqûres noires,
des veines, des taches, des échauffures.
Il faut examiner la norme elle même pour bien comprendre
l'intérêt de cette normalisation qui doit mettre de l'ordre
dans la classification des produits, mais ne doit pas non plus déclasser
systématiquement des produits utilisables.
Ainsi un bois présentant une belle face et une belle,
rive convient parfaitement pour faire une plinthe même si l'autre
face et l'autre rive sont d'une qualité d'aspect très
inférieure.
Ainsi se justifient les cinq choix
exceptionnel - 1er choix - 2ème choix - 3ème choix -
4ème choix
admis dans cette classification.
Tandis que le choix exceptionnel ne comprend que des pièces
de droit-fil, sans défaut appréciable et sans aubier,
le premier choix par exemple aura une face sans défaut et n'admettra
pas d'aubier et le dernier choix admet tous les défauts qui
ne compromettent pas la solidité de la pièce et n'interdisent
pas toute mise en uvre.


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